L'ERREUR DE PRISE EN CHARGE MÉDICALE ET LE RETARD DE DIAGNOSTIC

L'erreur de prise en charge médicale

L'erreur de prise en charge consiste à une mauvaise appréciation par le corps médical ou par les équipes soignantes d'une situation médicale, de l'appréciation des symptômes, du choix d'orientation du patient, des examens choisis ou encore quant à l'appréciation du caractère urgent ou non de la situation médicale. 

 

Cette faute relève d'un acte décisionnel ou d'un défaut de transmission des informations médicales à la différence de l'erreur médicale classique qui peut être qualifié de gestuelle.

 

Il peut s'agir notamment :

 

- d'une mauvaise orientation du patient par le médecin régulateur du SAMU malgré la présence de symptômes évidents.

- d'un délai de prise en charge inadapté par un service des urgences compte tenu de la gravité des symptômes.

- d'un retard dans la réalisation des examens médicaux (examen clinique, imagerie médicale...).

- non respect des recommandations de la Haute Autorité de la Santé ou à l'égard des préconisations issues de la littérature médicale.

 

La faute de prise en charge médicale est fréquente et souvent synonyme de conséquences médicales irréversibles surtout si elle est conjuguée à une erreur de diagnostic. En effet, si la situation médicale du patient exige une prise en charge médicale urgente, l'erreur de prise en charge dans la phase initiale engagera souvent le pronostic de guérison du patient.

 

Les erreurs de prises en charges médicales peuvent s'avérer dramatiques dans le domaine vasculaire. Les erreurs de prise en charge médicale des embolies, des AVC ou des infarctus ont souvent des conséquences gravissimes pour le patient. Ces erreurs peuvent conduire la victime à des séquelles irréversibles et même au décès.

 

Cette erreur lorsqu'elle est caractérisée s'indemnisera selon la notion de perte de chance. Les parties (victime/responsable) devront établir contradictoirement la part (%) que la faute a occasionné dans les chances de guérison ou de survie. Si il est établi que le défaut de prise en charge a entrainé une perte de chance de 50 % de guérir sans séquelles, alors le responsable devra indemniser 50 % de l'entier préjudice de la victime.

 

Toutefois, dans l'hypothèse ou le dommage occasionné est causé directement et avec certitude par la faute du professionnel ou de l'établissement de santé, la victime ou sa famille ont droit à la réparation intégrale de leur préjudice.

EXEMPLE : Défaut et retard de prise en charge de l'AVC

L'erreur médicale de la prise en charge de l'AVC (Accident Vasculaire Cérébrale) est un cas fréquent et peut être transposable à d'autres pathologies. On estime à près de 150 000 cas d'AVC en France chaque années. Ce qui place cette pathologie en tête des causes possibles de lourd handicap. Cette pathologie qui met en péril le pronostic vital ou les facultés cognitives et motrices est considérée comme relevant de l'urgence absolue par la Haute Autorité de la Santé. Chaque minute compte. Si dans la plupart des cas, cette pathologie est relativement bien prise en charge, de nombreux patients sont encore victime d'une erreur de prise en charge de l'AVC. L'erreur médicale sur la prise en charge de l'AVC est généralement occasionnées pour un défaut de diagnostic du médecin régulateur (SAMU / POMPIERS), une mauvaise interprétation du tableau clinique du patient, une mauvaise transmission des informations, un défaut d'orientation dans une UNV (Unité Neuro-Vasculaire).

 

Il n'est pas rare que faute de diagnostic pertinent les victimes d'AVC ne soient pas pris en charge dans les délais. Dans ces circonstances, le retard de prise en charge peut être à l'origine de graves séquelles irréversibles (aphasie, hémiplégie, syndrome cognitif, trouble moteur, trouble visuel...). Le retard sur l'administration d'anti-thrombotique ou sur une éventuelle intervention chirurgicale empêche un retour à une vascularisation normale. Les études médicales montrent notamment que chaque minute, 2 millions de neurones sont irréversiblement perdus en présence d'une ischémie cérébrale aiguë.

 

Les études montrent que seulement 30% des patients victimes d'un AVC bénéficient d'un Scanner cérébral ou d'une IRM dans les 30 minutes suivant leur arrivé aux urgences.

 

Il conviendra de confronter la prise en charge médicale de l'AVC avec les recommandations émises par la HAS et la littérature médicale pour déterminer si le retard de prise en charge médicale de l'AVC est à l'origine de séquelles sur-ajoutées.

Les symptômes évocateurs de l'AVC

La Haute Autorité de la Santé reconnait 5 signes majeurs dont la survenue brutale doit orienter le diagnostic vers l'AVC :

 

- La diminution ou réduction de la perte totale ou partielle de la vision,

- La paralysie, l'engourdissement brutal partiel ou total d'un membre comme le bras, la jambe, le visage, la langue...,

- Une difficulté soudaine et inhabituelle dans le langage ou la compréhension (difficulté à parler, à s'exprimer et à comprendre des ordres simples),

- La perte d'équilibre, une désorientation avec possibles chutes,

- Des céphalées (mal de tête) soudaines et inhabituelles.

 

En présence de ces signes et symptômes, surtout s'il sont cumulés,  le médecin régulateur doit orienter son diagnostic vers l'AVC. Si le médecin régulateur ne déclenche pas à ce stade l'alerte AVC, cela peut déjà être constitutif d'une faute de prise en charge médicale. Le défaut de diagnostic initial peut en effet faire perdre au patient des heures précieuses dans la prise en charge de son AVC. Les séquelles seront alors bien souvent majorées.

Le délai de prise en charge de l'AVC

L'Accident Vasculaire Cérébral dit AVC fait l'objet d'une codification de prise en charge médicale dès l'arrivée à l'Hôpital :

 

Les Hôpitaux doivent mettre en oeuvre une rapidité d'accès à une expertise neuro-vasculaire. Dès l'arrivé à l'Hôpital le patient victime d'un AVC doit être pris en charge en urgence par un médecin du domaine neuro-vasculaire.

 

Les victimes d'AVC ont normalement un accès prioritaire 24/24 et 7/7 aux imageries cérébrales. L'IRM reste l'examen le plus adéquate et le adapté à mettre en évidence les signes d'Ischémie ou d'hémorragie intra-crânienne.

 

Si l'IRM en urgence n'est pas possible, un scanner cérébral doit être réalisé à défaut dans les plus bref délais. Idéalement, le patient victime d'un AVC doit faire l'objet d'une imagerie médicale dans la demi-heure suivant son arrivé à l'hôpital. Au delà de ce délai, la prise en charge médicale peut être considérée comme défaillante et donc fautive car elle sera à l'origine d'un retard dans les interventions de soins que sont la Thrombolyse, la Craniectomie décompressive ou encore la Thrombectomie.

Le refus de prise en charge par le SAMU ou les Pompiers

Le premier réflexe face à une situation médicale d'urgence est d'appeler les pompiers ou le SAMU. Bien souvent l'appelant est alors mis en relation avec un médecin régulateur dont la fonction essentielle est d'identifier la pathologie et le degré d'urgence qui lui est soumis. Sa fonction consiste notamment à coordonner les secours en fonction de l'urgence avec l'envoi d'une équipe du SMUR, des sapeurs-pompiers, ou d'une ambulance voir orienter le patient vers le service de soins approprié.

 

Cette étape de prise en charge médicale par les services d'urgences est malheureusement accompagnée encore d'un trop grand nombre d'erreur de diagnostic, de prise en charge et d'évaluation correct du degré d'urgence de la pathologie.

 

Les conséquences sur les pathologies les plus graves, comme les douleurs à la poitrine évoquant un infarctus du myocarde, l'AVC, la détresse respiratoire, l'hémorragie sévère, l'asthme grave, l'obstruction voies aérienne, la perte de conscience, l'état de confusion sévère soudain, le vomissement sévère, peuvent être dramatique. 

 

Le refus d'envoi d'une ambulance médicalisée ou d'une unité des sapeurs-pompiers conduit chaque année à la multiplication de prises en charges tardives responsables d'une majoration significatives des séquelles chez la victime voir dans les cas les plus graves, du décès du patient.

 

La responsabilité du médecin régulateur du SAMU ou du SDIS dépendra évidement du tableau clinique qui lui a été décris par téléphone. Le médecin régulateur et le SDIS ont pour mission d'envoyer une ambulance ou d'une équipe médicalisée dès que le tableau clinique est évocateur d'une pathologie relevant d'une urgence absolue. La responsabilité de l'hôpital dont dépend le médecin régulateur ou le SDIS pourra être recherchée si il est démontré que l'appelant a fourni des éléments évocateurs d'une pathologie relevant d'une urgence absolue.

 

Face à la difficulté de ce type de procédure, il est vivement recommandé de prendre contact avec notre structure associative pour bénéficier des conseils appropriés.

 

HELLO VICTIMES ACCOMPAGNE LES FAMILLES ET LES VICTIMES DANS LA RECONNAISSANCE DES ERREURS DE PRISE EN CHARGE OU LE RETARD DE DIAGNOSTIC